mardi 31 mars 2015

Patte folle et ligament maudit


Premier bandage.  Premier diagnostic: entorse sur le ligament interne. Rien de grave.  Et puis les choses se gâtent à l'image...
Par ici les imprudents, les inconséquents, les inconscients qui ont eu la mauvaise idée de prendre le chemin de traverse; de faire sauter le gond, de tutoyer l'angle singulier. Par ici les désormais pleureurs, les nez sur l'IRM vérolée, les désespérés qui se repassent le film en boucle, les doux rêveurs entretenant l'espoir vain d'agir sur le mal-est-fait, le pouvoir de rembobiner le salaud de destin et gommer la chute qui tue.
Rien n'y fera. Croyez en ce "moi" qui grossit à son tour les rangs du ligament croisé pulvérisé! Bienvenu dans le vif du sujet...
Des rangs décidément très fréquentés. La même vieille histoire que les femmes enceintes. Celles qui n'existent nulle part dans votre sphère tant qu'aucun Polichinelle ne germe à son tour dans votre intérieur. A peine les nausées s'annoncent que Hop! Ventres ronds et nombrils pointant sont partout, colonisant les caisses de supermarché réservées aux publics... à mobilité réduite.
Idem pour ce bout d'organe filandreux qui se permet de lâcher prise dès qu'un entêté de ski a l'outrecuidance de ne pas décrocher, que le tacle furieux oublie de s'annoncer. Soudainement, la planète entière a le genou mou, l'articulation belliqueuse, la démarche boiteuse. Rapidement, les échos de récits catastrophes vous étourdissent.

 Ce genou-là a mal vécu la méthode du tendon rotulien, "du coup ça craque tout le temps"; l'autre-là boude la seconde vis, "il faut rouvrir, l'os est attaqué"... Un petit dernier pour le début de la fin: "Bah, je l'ai fait y a longtemps, c'était pas au point leurs techniques". Les nausées reprennent. Coup de chaud. Au secours les blogs!

Espoirs et accablement à ce rayon-là. Quelques bribes, deux-trois essais mais rien de compilé. Néant de sentiments, néant de vécu, néant de douleurs. Ah si! Deux paragraphes de lettres rouges sur fond jaunâtre. Ce joueur de foot a plutôt bien récupéré. Comptez une quinzaine de semaines et oui sa saison est bousillée quand-même. Mais encore? C'est tout. Ou j'aurais mal farfouillé la toile. Auquel cas pardon à mes chers autres estropiés et vive la diversité! Le ligament saccagé est un cachottier, il ne se livre pas, ou trop peu, ne dit pas ses galères. Voilà nos sueurs froides condamnées à demeurer, à décupler à l'instant où il faudra choisir entre le bistouri et l'inertie.

C'est décidé, mes extrémités épargnées par le tout schuss raté se mettent au clavier.
Âmes délicates, vous l'aurez cherché, rien ne vous sera épargné.
SgS


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